Oui.
Oui, la typographie n’a pas enfanté que des caractères qui subliment vos communications.
Derrière chaque caractère insupportable, il y un créateur dont le petit coeur souffre de l’incompréhension générale.
Comic Sans, Times New Roman et Papyrus par exemple, sont soigneusement évitées par de nombreux designers.
Cependant, leurs créateurs ont souvent une anecdote à raconter au sujet des motivations qui ont conduit la conception de ces fontes.
Voici leurs histoires.
Comic Sans
Vincent Connare — ça ne s’invente pas — le créateur de Comic Sans, n’a jamais envisagé cette fonte comme telle. Il l’a créée lorsqu’il travaillait sur le titre de Microsoft Bob, logiciel de Microsoft ayant pour objectif de proposer une interface non technique pour l’utilisation d’un ordinateur de bureau.
Pendant qu’il travaillait sur le logiciel, il fut choqué de constater que les designers aient recours à la fonte Times New Roman à la place d’une fonte ludique, plus adaptée — selon lui — au positionnement du logiciel.
Voyant la nécessité d’une fonte plus fun, il créa Comic Sans en cherchant à imiter le lettrage des bandes dessinées. Connare le jure. Il n’a jamais eu l’intention que Comic Sans ne soit utilisée pour autre chose que la nouvelle interface de Microsoft.
Voici Microsoft Bob, la tentative de Microsoft pour proposer une expérience utilisateur « amicale ».
En 2010, Time Magazine à inclus ce logiciel dans une liste des 50 pires inventions. L’article reproche notamment au logiciel d’avoir introduit « Comic Sans, peut-être la pire police de caractères de tous les temps ».
Times New Roman
Retour dans les années 90.
Stanley Morison à été missionné par « The Times » pour faire en sorte que le journal londonien ressemble moins à un magazine et soit plus facile à lire. La rédaction avait besoin d’une fonte de différentes tailles pour séparer les différentes sections du journal.
A l’époque, The Times utilisait une fonte de l’ère victorienne — surnommée « Times Old Roman » — qui ne répondait pas au besoin du papier et posait des problèmes de lisibilité
Cela inspira Stanley Morison pour concevoir « Times New Roman », nommée en réponse au surnom de la fonte problématique.
Bien qu’elle ne soit plus utilisée par le journal aujourd’hui, cette police est toujours très utilisée dans les livres. Microsoft l’a notamment rendu mondialement célèbre en faisant de lui le caractère par défaut de son logiciel d’édition Word (depuis la version 2007, Calibri est le caractère par défaut).
Vol. XXI de la revue Monotype Recorder (1932) annonçant la sortie de Times New Roman.
Papyrus
Cette fonte Egyptienne à été inventée en 1982 par Chris Costello
A l’origine, Papyrus était juste un détournement sur lequel s’amusait Costello pendant sont temps libre en agence de publicité.
L’objectif était d’imaginer ce à quoi la langue anglaise aurait ressemblé 2000 ans plus tôt au Moyen Orient. Il s’imaginait un lettrage écrit sur Papyrus. D’où le nom qu’il lui a donné.
Chris Costello proposa sa fonte à dix fonderies typographiques et la seule qui répondit fut Letraset, une entreprise plutôt spécialisée dans la papeterie. Aujourd’hui, la police est la propriété d’AGFA-Monotype / ITC.
En Juillet 2015, la société Edible Arrangements (dont le chiffre d’affaires dépasse les 500 millions de dollars) utilise Papyrus pour son logo.
En 2009, vous l’avez vu partout. (Merci James. EXCELLENT CHOIX.)
Brush Script
Brush Script a été conçue par Robert E. Smith en 1942 comme un lettrage censé imiter l’écriture manuscrite d’une manière contrôlée.
Cette fonte s’est rapidement répandue dans le monde, des grands noms comme ESPN jusqu’aux panneaux de bienvenue des petites villes.
Elle fut largement méprisée par les designers, principalement en raison de utilisation excessive.
Cette sur-utilisation témoigne toutefois jusqu’à quel point Brush Script était une fonte de qualité à l’époque de sa conception.
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Comme on peut le constater, les fontes méprisées d’aujourd’hui furent les succès d’hier, si nous les apprécions du point de vue des motivations qui conduisent leurs conceptions. Alors, mauvaises réputations méritées ?